I+A : l'omniprésence de deux lettres magiques
💡 millefeuille.ai: le media pour comprendre les enjeux de l’IA et les mettre à profit dans notre société et nos métiers — par un collectif d’ingénieurs & d’entrepreneurs français.
Salut à tous !
Nous continuons la série de chroniques satiriques sur l’Intelligence Artificielle avec Christian Vigne ! 😎
Pour rappel, voici le détail des 5 chroniques :
De Petit Ours Brun à Voxxx, les prédictions hasardeuses de l’IA
I+A : l'omniprésence de deux lettres magiques
Socrate s’est fait prompter par Glaucon
Ne manquez pas la dernière chronique dans deux semaines :)
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I+A : l'omniprésence de deux lettres magiques
Connaissez-vous l'île de Ré ? Jadis terre pauvre de pêcheurs, désormais repaire de parisiens et de maisons à millions-d'euros, l’île de Ré compte un très grand nombre d’entreprises dans tous les secteurs d’activités : des services à la personne, au bien-être en passant par le BTP et les commerces de bouche. Là-bas, le grand jeu de certains commerçants et autres entrepreneurs est de caser systématiquement la syllabe Ré dans leurs noms de business. Par exemple dans la catégorie cheveux : Rétif, Réaliz coiffeur, Rétroactif (pas sûr de comprendre mais ça sonne bien), Récréatif (magnifique concaténation du lieu, de l'aspiration créative et du tif). On a aussi Déco-Ré, la Savon’Ré, Rétro verso etc… Mon préféré: Ré-glisse pour les amateurs de kite surf et autres véhicules glissants. J’ai cherché Ré-ssusciter pour les pompes funèbres mais personne n’a encore osé. Je pourrais en mettre des pages et des pages mais je vous épargne la ré-citation hahaha (A vous de jouer en commentaire, c’est rigolo !). Mais revenons à Paris et au sujet qui nous intéresse tous. Hypothèse : les deux lettres I et A seraient devenues pour les entreprises Tech ce que Ré est aux commerçants dudit lieu : un attribut de marque indispensable.
Prenons les noms des entreprises du secteur, l’attribut de marque y est souvent clairement affiché. Le plus évident - Open AI - ne vous échappera pas, mais on pourrait aussi citer Inflection AI, Scale AI, Mister AI, Imagen AI, Golem.ai, kyutai et j’en passe (beaucoup). Il y a des approches plus subtiles, quand les lettres I + A sont dissimulées dans le nom de l’entreprise : prenez Mistral. Enfin dans les pitchs marketing : powered by AI, AI engineered, l’IA au service de…, l’IA au secours de etc... Mais il y a aussi des entreprises qui pourraient bénéficier de l’engouement autour de l’IA mais ne le savent pas encore. Jouons un peu : Evian : eau minérale naturelle, AI engineered, Guerlain : laissez l’IA vous parfumer, Air France, l’IA au service du billet cher…Et ça marche avec Christian, votre humble serviteur : aspirant chroniqueur, ai inspired. Il y en a même dans les noms de domaine: levez les yeux et voyez : millefeuille.ai! C’est un fait : l’IA s’est immiscée de partout comme les punaises de lit parisiennes dans la presse anglo-saxonne…
…Et jusque dans nos esprits. Je m’en suis rendu compte en assistant à la conférence Big data and AI qui s’est tenue au Palais des Congrès récemment. Dans la queue pour assister à un talk - démo (“Construire une application LLM avec des données en temps réel”), on m’apostropha : “Vous faites la queue pour la démo ? Il fallait s’inscrire ?”, “Oui et non” lui répondis-je. “Et vous faites quoi dans la vie sinon ?” me demanda-t-elle ensuite. “J'ai quitté ma boîte y a pas longtemps et je m'intéresse à l'IA” lui dis-je. A peine eussé-je prononcé cette phrase que je me rendis compte de son inanité. A deux titres, le premier : intéressant n’est pas adjectif intéressant (souvenir de khâgne), et le deuxième : être intéressé par l’IA dans un salon dédié à l’IA c’est tristement basique. Aussi me demandai-je alors si j’étais pleinement maître de mes paroles ou si j’avais été conditionné par le système dans un réflexe tout pavlovien. J’ai ensuite observé mes acolytes qui vaguaient de kakémonos en stands, et de stands en workshops et je me suis demandé si eux aussi, étaient “intéressés par l’IA”. Auquel cas nous serions pléthore. Flippant. Au loin, alors que je doutais de mon originalité, deux personnes faisaient la démo d'un LLM. Je n’ai pas compris pas grand chose au use case mais j'ai applaudis par politesse avant d’aller errer à nouveau devant les kakémonos, affublé de mon badge en guise de collier, avec mes compères, et si peu de mes commères, (soit dit en passant).
Résumons : l’IA est à la mode, il faut bien l'admettre, au point qu’elle s’est glissée de partout sous la forme de deux lettres pourtant anodines prises à part. Oui les GPUs, la recherche, le stockage, la DATA, la démocratisation etc…, on les a bien entendus ces arguments valables qui font que la vague IA advient maintenant. Mais la vérité c'est que c'est aussi the place to be, sans faire d’ombre à la sustainability, l'autre méga mode. (Tip pour les speakers : mettez Green + AI dans votre nom de workshop et vous ferez salle comble). Aujourd'hui, j'ai de la peine pour toi, pauvre IA : seras-tu victime de ton succès ? On va tellement te galvauder que tu finiras dans un scrabble à deux points: I un point, A un point et tu te feras battre à plate couture par une autre industrie beaucoup moins soucieuse de son empreinte carbone, celle du : S (un point), E (un point), X (10 points) !
Très belle semaine à tous !
— l’équipe millefeuille.ai
👋 Si tu veux voir la dernière conversation c’est par ici : “Comment l’IA transforme l’apprentissage des enfants, avec Laurent Jolie, Lalilo”
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