L'IA redéfinit le paysage du conseil en stratégie ! avec Thomas Chèvre, Strategia
millefeuille.ai: le media pour comprendre les enjeux de l’IA et les mettre à profit dans notre société et nos métiers — par un collectif d’ingénieurs & d’entrepreneurs français.
Salut à tous,
Dans notre édition de cette semaine, nous avons le plaisir de partager notre entretien avec Thomas Chèvre, associé fondateur de Strategia Partners, sur les perspectives de l'Intelligence Artificielle dans le secteur du conseil en stratégie.
Thomas nous livre des insights précieux sur la manière dont l'IA constitue une formidable opportunité pour les cabinets de conseil en stratégie, tant au niveau commercial qu’interne. L’IA doit permettre de renforcer les fondamentaux de la profession et d’accroître l'impact des cabinets de conseil en stratégie ayant développé des approches innovantes.
Au menu aujourd’hui :
🌐 La révolution de l'IA et son impact potentiel sur le conseil en stratégie
📈 L'accélération de la croissance de l'industrie du conseil grâce à l'IA
💡 L'optimisation des business modèles et les restructurations d'industries induites par l'IA
🎯 Les opportunités de développement de la brique analytique en mission de conseil
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🍰 MF : Salut Thomas, content que tu sois parmi nous ! Peux-tu nous décrire comment l'IA est une opportunité pour le conseil en stratégie ?
👉 Thomas :
Salut, c'est un plaisir d'être ici ! Absolument, l'IA représente une belle opportunité pour le conseil en stratégie. Notre métier est de conseiller nos clients dans leurs décisions d’investissement majeures et leurs allocations de ressources au niveau d’un Groupe, d’une activité ou d’un fonds d’investissement. Au-delà des utilisations de l’IA dans notre métier au quotidien sur lesquelles on pourra revenir ensuite, l’IA représente d’abord un véritable enjeu business pour nous.
En effet, depuis quelques années, l’impact potentiel de l’IA et les réponses stratégiques à y apporter sont devenus un enjeu stratégique clé pour de nombreux clients et nous les assistons sur deux thèmes principaux :
Optimisations & disruptions de business models par l’IA
Restructurations d’industries par l’IA
🍰 MF : Revenons sur le premier point. Qu’est ce que vous faites pour vos clients sur ce sujet ?
👉 Thomas :
Nous cherchons à identifier les changements de business models permettant de créer des ruptures économiques et donc des avantages concurrentiels pérennes par l’intégration de nouvelles technologies d’IA à différentes étapes de valeur.
Dans différentes industries, l’intégration de l’IA permet de révolutionner les modèles d’activité en baissant considérablement certains coûts de facteurs (Manufacturing, Logistique, Recherche-Développement, Innovation, Acquisition Client, Marketing…). Les entreprises investissant en avance de phase par rapport à leurs concurrents sur les technologies les plus pertinentes peuvent donc significativement renforcer leurs positions concurrentielles et leur compétitivité intrinsèque.
La question la plus critique est bien sûr la priorisation dans un environnement large et complexe et les modalités d’investissement associées. Nous les assistons donc pour définir leur stratégie d’investissement dans l’IA en termes de priorités, d’ampleur et de vitesse, que ce soit en organique (avec des questions sur les compétences & expertises clés à développer et les modes d’animation), en prise de participation dans des start-ups innovantes de l’IA ou en acquisition à 100%.
Ce travail passe par l’identification des technos spécifiques à un métier & des cibles pertinentes, l’évaluation de leur niveau de maturité et les freins business potentiels à leur développement ainsi que des potentiels de création de valeur et des risques associés.
🍰 MF : Tu disais que vous travaillez également sur comment certaines industries dans lesquelles vos clients pourraient investir seront impactées par l’IA ?
👉 Thomas :
En effet, une question clé pour nous consiste à évaluer l’impact de long-terme de l’IA sur différents business.
De la même façon que le online a révolutionné de nombreux métiers au début des années 2000, je suis convaincu aujourd’hui que l’IA va révolutionner certaines industries au cours des dix prochaines années. L’évaluation de cet impact est critique pour nos clients, que ce soit dans un contexte d’allocation des ressources au niveau d’un Groupe présent sur différents métiers ou pour un fonds de PE qui investit dans de nouveaux secteurs.
Nous voyons quatre grandes situations :
Nouveaux marchés : création de nouveaux marchés et de nouveaux besoins comme le Online avait créé une multitude de nouveaux métiers et marchés
Marchés avec fort potentiel d’accélération : accélération de la croissance de marché par une baisse drastique des coûts par l’intégration de l’IA permettant de modifier structurellement les équilibres demande-prix. Un parallèle serait l’accélération du transport aérien au début des années 2000 par le développement des business models low cost
Marchés d’adaptation et d’intégration : pas de modification majeure de l’attractivité intrinsèque de certaines industries mais enjeu d’intégration dans les business models à différentes étapes de valeur
Marchés en forte baisse : forte baisse de la valeur de certains marchés liée à une substitution par l’IA sans effet de développement de volume. Ces marchés sont caractérisés par une forte répétition des tâches et de faibles besoins en termes de créativité, d’innovation ou d’interactions.
🍰 MF : Tu mentionnes une révolution technologique majeure pour les cols blancs. Comment le conseil en stratégie s'adapte-t-il à cette réalité ?
👉 Thomas :
L'IA change la donne en nous poussant à actualiser nos méthodes de travail. Nous cherchons toujours à optimiser nos modes de fonctionnement pour gagner en efficacité et renforcer notre impact.
Concrètement, l’IA est un vecteur de renforcement de nos outils d’analyse. Notre métier est d’apporter à nos clients de l’Analyse pour Décisions pour Actions et nous sommes toujours à la recherche de nouvelles technologies pour renforcer cette brique analytique, qui est nécessaire mais pas suffisante.
Je vois deux principaux cas d’usage qui sont focalisés sur les étapes les plus juniors du Conseil :
Fort potentiel sur l’acquisition de données avec beaucoup de technologies d’IA en cours de développement avec des niveaux de performance différenciés et focalisés plutôt sur les grandes industries traditionnelles (performance plus faible sur les industries de niche, par nature peu documentées)
Fort potentiel sur l’analyse de données et les modélisations économiques et financières d’autant plus dans un contexte d’accroissement de la volatilité structurelle de l’économie dans son ensemble qui nécessite de travailler de plus en plus de stress tests avec des scénarios toujours plus complexes. L’IA peut fortement nous aider à ce niveau là.
En somme, l'IA nous aide à renforcer nos services, à nous adapter rapidement aux réalités changeantes des industries dans lesquelles nous travaillons et à nous focaliser sur les fondamentaux.
Je crois qu’il est nécessaire pour nous d’être à l’avant-garde sur ces sujets par une compréhension fine des avantages et limites de l’IA avec une approche plurielle intégrant des perspectives technologique, économique, business et sociales. Face à la question de la taille critique et des effets d’échelle pour être compétitif sur ces sujets, je crois que la réponse est plutôt dans une culture d’agilité, d’adaptabilité et de partenariats pour développer des approches customisées selon des besoins par nature extrêmement spécifiques.
Très belle semaine à tous !
— l’équipe millefeuille.ai
👋 Si tu veux voir la dernière conversation c’est par ici : “Comment l’IA fait-elle déjà évoluer la méthode pédagogique?” avec Mathieu Nebra, OpenClassrooms.
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Je trouve l’interview un peu naïve… Je cite : « l’intégration de l’IA permet de révolutionner les modèles d’activité en baissant considérablement certains coûts de facteurs » : bon clairement, disons le, c’est le facteur humain dont on parle. Comment les cabinets de conseils accompagnent les boîtes dans ces restructurations ? Est-ce qu’il s’agit juste de dire : « on vire 1000 conseillers téléphoniques et on recrute 50 prompt engineers à la place ? » D’après les echos que j’en ai, c’est quand même un peu ça. J’aurais bien aimé avec le point de vue de votre invité !